Résumé
En 2010, la compagnie américaine AbitibiBowater a porté plainte contre le Canada en vertu du chapitre 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), alléguant l’expropriation de son investissement par la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Défendeur dans cette affaire, le gouvernement du Canada a choisi de régler avec l’investisseur américain au coût de 130 millions de dollars canadiens. Par la suite, le premier ministre Harper a indiqué que son gouvernement ne tenterait pas de recouvrer l’argent de la province, mais qu’il envisageait de mettre en place un mécanisme qui pourrait le permettre à l’avenir.
Plus de cinq ans plus tard, aucun tel mécanisme n’a été établi. Cet article explore les obstacles constitutionnels au recouvrement forcé des dommages versés par le gouvernement fédéral qui pourraient expliquer ce manque d’action. Que ce soit en vertu du pouvoir de dépenser (ou de ne pas dépenser), de chefs de compétences spécifiques ou du pouvoir résiduel, aucune piste de solution ne semble échapper aux réalités constitutionnelles canadiennes. En particulier, l’empiétement sur les compétences provinciales pose problème.
Les obstacles constitutionnels mènent l’auteure à explorer des solutions d’avenir, de nature conventionnelle (c-à-d., à même les accords commerciaux dits de « deuxième génération ») et administrative (c-à-d., au moyen d’un accord fédéro-provincial). Le partage de la responsabilité financière entre l’Union européenne et ses 28 États membres dans ce contexte est étudiée afin d’en tirer des leçons.
En conclusion, l’auteure estime que, du point de vue juridique, la piste de solution la plus prometteuse se trouve dans les accords administratifs, mais que les obstacles politiques ne doivent pas être sous-estimés.
Abstract
In 2010, AbitibiBowater Inc., a US investor, submitted a claim against Canada under Chapter 11 of the North American Free Trade Agreement (NAFTA) alleging that its investment had been expropriated by the province of Newfoundland and Labrador. Respondent in this case, the Government of Canada decided to settle the case for 130 million Canadian dollars. Asked after the fact whether the federal government would attempt to get the money back from the province, Prime Minister Harper indicated that it would not, but that the Government of Canada would create a mechanism so that it can do so in the future. More than five years later no such mechanism has been established.
The article explores constitutional obstacles to the forced reimbursement of damages paid to investors by the federal government that could explain this lack of action. Whether under the federal spending power (or the power not to spend), under specific heads of power or under the residual power, no avenues appear to escape Canadian constitutional realities. Encroachment on provincial jurisdiction poses a particular problem.
The constitutional obstacles lead the author to explore possible solutions for the future, including in so-called “second generation” economic agreements and in administrative, or federal-provincial, accords. The system recently adopted in the European Union to share responsibility for investor-State awards between the Union and its 28 member States is analysed in order to draw lessons.
The author concludes that from a legal point of view administrative accords between the federal government and provinces offer the best hope for solutions, although political obstacles should not be underestimated.
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